SAINT JACQUES

Publié le par lapin

A Saint Jacques, c'est à deux pas du paradis que l'on trouve l'Enfer. En fait, il s'agit là de deux rues du vieux quartier historique de Perpignan.

Je suis certaine que si vous regardez les informations, vous en avez entendu parler cette semaine puisqu'un pâté de maisons s'est écroulé.

 

Je connais ce quartier car mon travail m'y amène de temps en temps. La chose la plus frappante, au delà des conditions de vie d’un autre âge, c’est la gentillesse de ses habitants.

 

Pour vous illustrer mon propos, je vais essayer de vous retranscrire mes sensations à chaque fois que j’y vais.

 

Le quartier est divisé en deux. Un côté réservé aux habitants originaires du Maghreb et un côté réservé aux habitants gitans. Là bas la mixité sociale est une notion inconnue, même pas un rêve.

 

Les ruelles sont étroites, sales, jonchées de poubelles, d’excréments humains ou animaux, de crachas et de vieux vêtements déposés sur la route au hasard des errances.

 

Tout pue, oui c’est le mot. Ca pue la misère, la crasse, les égouts, la cuisine trop grasse et la lassitude. C’est Beyrouth aux portes de l’occident. On n’est plus en France, je ne sais même plus ou je suis quand j’y vais.

 

Ce qui frappe c’est l’absence de boîtes aux lettres, de toute façon le seul courrier reçu par les habitants ce sont les factures. Eh puis c’est dangereux une boite aux lettres, les ennemis peuvent y déposer de tout dedans.

 

Au détour d’une rue, un coq est un jour est apparu, non pas échappé d’un poulailler, mais d’un combat de coq. L’enfant de cinq ans qui le pourchassait a plongé sur le sol et l’a rattrapé. QUE FAIRE ?

 

Il y a les chiens que l’on sort le soir à la nuit tombante. En réalité on les pose devant la porte accroché à une corde avec une écuelle. Tout les soir ça recommence. Les chiens sont tellement conditionnés que même lorsqu’ils ne sont pas attachés, ils ne bougent pas.

 

Enfin, il y a les habitants de Saint Jacques, des myriades d’enfants aux cheveux noirs et aux sourires touchants, les femmes gitanes, souvent en noir qui vous parlent sans détour de leurs conditions de vie, les hommes qui veillent silencieux. Il y a aussi les commerçants magrébins dont les produits orientaux vous mettent l’eau à la bouche.

 

Il y a surtout cette chaleur humaine qui est unique à Perpignan et tellement touchante. La nuit tombée, c’est une autre histoire, mais le jour, il faut absolument aller les voir, leurs dire qu’ils existent.

 

La maison écroulée aurait pu tuer 14 enfants sans la présence d’esprit d’un de mes amis qui vit au quotidien avec eux. C’est même un miracle qu’un seul pâté se soit effondré en plusieurs mois, mais la politique locale du maire est simple, on ignore Saint Jacques, on limite les possibilités d’action de ses habitants en les assistant et on les oublie… Jusqu’au prochain incident. Perpignan c’est déjà embrasé le soir du 29 mai 2005 et peut à tout moment recommencer mais qu’importe le maire dort et Saint Jacques ne respire pas assez fort pour que l’on entende ses habitants.

 

 

Publié dans titilapin

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